Une grotte d’aujourd’hui pour l’homme d’hier à Quinson
Il livre le nouvel aéroport de Chek Lap Kok à Hong-Kong, le plus grand du monde, et presque dans le même temps les 4 000 m2 du musée de la Préhistoire de Quinson, à deux pas des gorges du Verdon. Il répète que “l’architecture et la décoration d’intérieur sont inséparables”, il souhaite avoir “le contrôle de tous les détails de ses réalisations, jusqu’aux panneaux des sorties de secours”. Pour Sir Norman Foster, l’architecture n’est pas une question de taille, mais d’engagement. Du maître d’œuvre et de toutes ses équipes. Illustration à Quinson, 300 habitants.

Depuis une vingtaine d’années, les architectes ne cessent d’insister sur l’importance du site dans la conception de leurs projets. Sans que, sur place, l’évidence s’impose. À Quinson, dans les Alpes-de-Haute-Provence, pour une fois, elle saute aux yeux. Le petit village est niché dans un vallon creusé dans le plateau tranché à 3 km plus au sud par les gorges du Verdon. Vieilles maisons tuiles “canal”, ruelles enroulées autour de l’église, clocher et deux ou trois demeures charmantes flanquées de petites tours renvoient l’image séculaire du bourg provençal. Jusqu’à la mairie, à la sortie du village, sans doute de la fin du XIXe siècle, qui affirme fièrement la réalité républicaine.
En face, le long de la grande rue, un mur de soutènement de gros cailloux s’éloigne de la fontaine publique vers la campagne. C’est une source dont s’est servi Norman Foster, un fil conducteur. Poursuivi dans le même plan, il s’incurve en douceur, amorce une longue courbe d’environ 150 m de longueur. Elle mène au musée, elle entre dans le musée, elle en constitue la paroi ouest, profondément creusée dans le coteau qui, audessus, s’élève jusqu’aux falaises surplombant Quinson. Le mur est bâti de pierres. Pas n’importe lesquelles. Elles ne viennent pas de l’autre bout du monde.
L’architecte a voulu celles du pays, non pas extraites d’une carrière locale, mais des pierriers alentour, que les bergers ont peu à peu constitués en dégageant les pâturages pour leurs troupeaux. Le socle de la terre affleurant un peu partout dans les collines est transmuté en un bel appareillage. L’enracinement est évident, comme l’évocation des grottes naturelles utilisées par nos ancêtres.
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